Séminaire LICAÉ : Mariana Babo-Rebelo

La peau présente certaines analogies avec l’environnement externe. Tous deux sont des surfaces, tous deux contiennent des limites et des points de repère, et tous deux peuvent être parcourus. Nous avons donc testé si les mécanismes cérébraux connus pour encoder nos trajectoires dans l’espace extérieur, c’est-à-dire les cellules de grille (grid-cells), peuvent aussi encoder la trajectoire d’un stimulus qui parcourt la peau. Dans cette expérience en IRMf, l’expérimentateur dessinait des lignes sur le dos de la main des participants (n=29). Nous avons ensuite cherché la signature BOLD caractéristique des cellules de grille (Doeller et al 2008). Nous n’avons initialement pas trouvé de cellules de grille dans le cortex entorhinal, région associée à la navigation spatiale. Cependant, il est connu que la perception tactile présente des distorsions en lien avec la forme ovale des champs récepteurs tactiles, anisotropes (Longo & Haggard 2011). Après déformation de l’espace de stimulation suivant cette anisotropie, nous avons trouvé la signature caractéristique des cellules de grille dans le cortex entorhinal. Dans le cortex somatosensoriel, nous avons également observé la signature des cellules de grille pour l’espace anisotrope, ainsi que pour l’espace original de stimulation mais de façon moins robuste. Ces résultats démontrent que les mécanismes cognitifs utilisés pour l’encodage de l’espace extérieur sont également utilisés pour l’encodage de l’espace de la peau, espace directement perçu de l’intérieur. Ce code est par ailleurs façonné par la physiologie propre au système de perception tactile et se retrouve dès les phases plus précoces du traitement sensoriel.